Les rideaux sont tombés jeudi après-midi à Dakar sur les travaux du 4ème forum des Medias sur le SIDA en Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC).
Dans un mot prononcé pour la circonstance, Bamba Youssouf, Président du Réseau des Medias Africains pour la Santé et l’Environnement (REMAPSEN) s’est félicité de la réussite de ce forum qui a-t-il rappelé a pour objectif entre autre de relancer la lutte contre le SIDA dans cette partie du continent.
Le président Bamba s’est réjoui également des perspectives encourageantes de partenariat avec certaines organisations comme l’UNICEF, le réseau EVA et d’autres.
Il a, à cette occasion remercié le gouvernement sénégalais pour sa coopération ainsi que l’ONUSIDA pour son appui financier et son expertise.
Pour sa part, Berthilde Gahongayre, directrice régionale de l’ONUSIDA a exprimé sa satisfaction en saluant le professionnalisme des participants ainsi que l’engagement du président du REMAPSEN.
Elle a promis de poursuivre et de renforcer le partenariat avec ce réseau des medias africains.
Trois jours durant les participants ont bénéficié d’une formation intensive qui a porté sur les différents aspects de la lutte contre le SIDA.
Des dizaines d’experts se sont succédés pour animer les sessions à l’ordre du jour.
C’est ainsi que le premier jour les participants ont eu droit à une présentation préliminaire portant sur un aperçu de l’épidémie du VIH-Sida en AOC, une présentation assurée par Eby Ehounoud Pascal, Conseiller Régional Information stratégique du Bureau Régional de l’ONUSIDA basé à Dakar.
Rappelant les chiffres alarmants du Rapport 2022 de l’ONUSIDA intitulé « En danger ».
En Afrique de l’Ouest et du Centre, les 25 pas comptent 5 millions de personnes infectées par le VIH.
Selon ce rapport, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ainsi que l’Amérique Latine ont tous connu une augmentation du nombre annuel des infections à VIH au cours de la dernière décennie.
Chaque jour, 4000 personnes-dont 1100 jeunes (âgés de 15 à 24 ans) sont infectés par le VIH. Si les tendances actuelles se poursuivent 1,2 millions de personnes seront nouvellement infectées par le VIH en 2025 soit 3 fois plus que l’objectif de 370000 nouvelles infections fixé pour 2025. En 2021, 650000 personnes sont mortes de causes liées au Sida-soit une personne par minute.
Pourtant des progrès sont notés. En effet, avec la disponibilité des médicaments antirétroviraux de pointe et d’outils efficaces pour prévenir, détecter et traiter correctement les infections opportunistes telles que la méningite cryptococcique et la tuberculose, ces décès sont évitables.
Ainsi les tendances en matière d’infections au VIH et de décès liés au Sida dépendent de la disponibilité des services de lutte contre le VIH. Et sur ce point note le rapport les signes sont inquiétants, car l’expansion des services de dépistage et de traitement du VIH stagne.
Autre motif d’inquiétude : dans un contexte économique de plus en plus tendu, les menaces sur le financement pourraient encore davantage compromettre la riposte. De nombreux grands donateurs bilatéraux réduisent l’aide internationale en faveur du Sida. Ainsi, 52 pays devraient connaître une baisse significative de leur capacité de dépenses publiques jusqu’en 2026 alors que de nouveaux investissements sont nécessaires dès maintenant pour mettre fin au Sida d’ici 2030.
La question des inégalités se pose avec acuité selon le rapport. Ainsi, les femmes, les filles et les populations clés courent un risque accru. En effet, les personnes qui ont moins de pouvoir social et qui sont moins protégées par la loi sont souvent plus exposées au risque d’infection par le VIH. En Afrique Subsaharienne, les adolescentes et les jeunes femmes âgés de 15 à 24 ans-dont une est infectée par le VIH toutes les 3 minutes-sont trois fois plus susceptibles de contracter le VIH que les adolescents et les jeunes hommes du même groupe d’âge.
70% des nouvelles infections par le VIH en 2021 se comptaient parmi les populations clés et leurs partenaires sexuels.
Comme on le voit donc, la situation n’est guère reluisante. De ce fait, souligne le rapport, mettre fin au Sida requiert du courage politique. Les communautés de personnes vivant avec le VIH et les populations clés créent le contexte qui oblige les dirigeants politiques à prendre des mesures audacieuses et courageuses.
Selon le rapport, il sera nettement moins coûteux de tenir les promesses faîtes lors de l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2021 que de sous-investir maintenant et de risquer de nouveaux reculs.
Compte rendu Bakari Gueye