Déclaration:Parti Mauritanie Forte (PMF):Pour la constitution d’un pôle du changement démocratique 

Pour la constitution d’un pôle du changement démocratique

Manifeste

Chancelante, au bord du précipice, la Mauritanie croule sous la pression de l’irresponsabilité, de la complaisance et de la mauvaise gestion. Le désespoir, fruit des promesses non tenues a transformé le pays en bombe à retardement, prompte à exploser sans préavis.

La situation intérieure souffre de la multiplication des antagonismes, des mouvements revendicatifs et des luttes d’influence, le tout exacerbé par le voisinage d’une sous-région en proie aux flammes de l’extrémisme religieux et du réveil de l’ethnicité, qui ne cessent de se propager, semant, partout, sous-développement et désolation ; au-delà du constat, comment sortir de l’étreinte du pire ?

Notre monde et ses fissures

Comme tout espace de fragilité structurelle, l’Afrique de l’Ouest expérimente, sur le mode de la passivité, la compétition marchande entre les puissances, pour la maîtrise de leur approvisionnement en matières premières, à l’heure où la rareté des ressources menace l’avenir d’une humanité devenue trop nombreuse.

Le Continent se retrouve, encore une fois, à bout de souffle, au terme de plusieurs décennies de néocolonialisme criminel et de l’échec, bien plus destructeurs, des élites qui se sont succédées au pouvoir, depuis les indépendances et surtout durant les transitions prétoriennes. La prédominance des régimes autoritaires, l’extension du champ démographique de la pauvreté, l’essor et la sophistication du crime organisé, de la

corruption et du blanchiment, constituent, aujourd’hui, les marqueurs pertinents d’une quasi-faillite. De même, le terrorisme, porté par l’élan salafiste de la Sahwa, représente, désormais, « une guerre civile larvée à l’intérieur de la guerre civile globale ». Au tableau, déjà sombre, s’ajoutent les reproductions de pouvoirs inconstitutionnels, la surnatalité, la désertification et leur conséquence, le mouvement massif de populations.

Le monde d’aujourd’hui ne renferme aucune assurance en faveur des peuples qui n’ont pas su préserver les sources de leur force intrinsèque ; les Etats ayant failli à la défense de la souveraineté passent, assez vite, au rang de proie facile et le défi s’avère d’autant plus ardu à relever depuis la fin de la guerre froide ; les grandes puissances ayant redoublés d’arrogance et de technicité, l’économie de marché s’impose, doublée de la recrudescence des antagonismes civilisationnels, que le politiquement correct a longtemps écartés du débat. De telles tendances évoluent, dangereusement, après l’entrée chaotique dans la première décennie du XXIème siècle, non seulement à cause de l’apparition de pandémies à expansion rapide, de l’accélération du désordre climatiques, mais encore de la naissance d’un rapport de forces international où la pluri polarité prédispose au conflit, point à l’équilibre. L’inquiétude et le vote ultra droitier en Europe illustrent l’un des indices de la précarité ; les peuples du noyau du Monde libre se croyaient définitivement à l’abri de la pénurie d’énergie à l’approche de l’hiver et des difficultés d’approvisionnement en céréales. Les voici assignées en désarroi et anxiété….

Des insuccès sédimentés de l’ordre international s’ensuivent les rumeurs de la « stérilité » des politiques publiques, en matière d’innovation et de réalisation…Le populisme guette, ainsi, les failles et faiblesses des gouvernements et du multilatéralisme, afin de leur substituer la mobilisation des affects, les raccourcis de la passion et la magie du verbe facile, autrement appelée démagogie ou pensée magique. Un peu partout, envers et contre la raison, l’intégrité des faits et le bon sens, l’hubris des dirigeants fait face à l’ivresse de la rue. Du choc des deux insuffisances naît l’embryon d’une anarchie propice aux récidives du putsch et de l’ensauvagement, sur fond de dissémination du jihadisme. L’afro-optimiste est mort à force de succomber à la surdose des slogans et à la sacralisé de doxa, au détriment de la lucidité. L’heure était venue, depuis longtemps, d’assumer notre part de responsabilité, d’oser l’autocritique et de nous projeter au-delà de l’incantation. A certains égards, il est trop tard.

La gestation du nouvel ordre international met, désormais en péril, des Etats et des multitudes, bien enracinés dans des systèmes de valeurs et des certitudes de confort ; que dire, alors, de ses retombées en l’Afrique ?

Un présent en pointillé…

Un bilan aussi sombre appelle, les Mauritaniens, à mieux méditer le devenir du pays ; la misère, la douleur protéiforme, les diverses aliénations de l’individu et le surpoids de l’injustice requièrent, en urgence, une intervention chirurgicale pour l’extirper de la dégénérescence et de l’enlisement dans les sables mouvants du désespoir et de la déchéance.

De surcroît, la Mauritanie doit compter avec les prétentions expansionnistes que nourrissent certains voisins, dont l’hostilité à notre indépendance n’a jamais varié, malgré des périodes d’accalmie.

Devant la multiplicité croissante des enjeux de survie, le pouvoir mauritanien tente, en 2022, de semer l’illusion d’engager une révolution agraire de dernière minute ; en organisant le retour des paysans dans les terroirs d’origine, dès le début de la saison des pluies, les autorités s’emploient, aussi, à animer des réunions de sensibilisations des cadres autochtones, derrière les portes closes des bureaux de l’administration. Jamais, sans doute, le but d’atteindre et de pérenniser l’autosuffisance alimentaire n’aura été aussi froidement compromis.

A compter de l’alternance ambiguë de 2019, cent jours étaient largement suffisants pour dévoiler les intentions du Président de la République et ses facultés à affronter les servitudes du réel ! Or, l’attente inféconde de trois ans a fini par ruiner les promesses, l’échafaudage et, d’emblée, l’aptitude élémentaire à gouverner.

La réforme de l’enseignement fondamental, strictement réservée aux écoles publiques, le dossier de la décennie ainsi dissout tel une statue de sel et le recyclage de ses protagonistes à l’échelon le plus lucratif de l’administration témoignent d’une hausse exponentielle de l’impunité et de l’incompétence. Le vestige du pont de ‘’ El hay Saken’’ et des ouvrages d’art de même facture se dresse, sous nos yeux, en attestation d’une lacune congénitale. Les scandales récurrents des importations de combustibles, médicaments et produits alimentaires contrefaits ou périmés démontre l’ampleur des dysfonctionnements mercantiles et l’incapacité de l’Etat à les juguler. Quant à l’état-civil biométrique, jusqu’à ce jour une partie des citoyens se plaint de discrimination et réclame, en vain, l’enrôlement et l’obtention des pièces d’identité.

Ajoutons à l’inventaire des manquements, l’absence de protection sociale au profit des populations de la ruralité et de la périphérie du centre-ville, le recul des campagnes vétérinaires contre les épizooties, l’abattage des arbres et le commerce du charbon de bois.

Les hôpitaux n’ont pas été épargnés par la montée des eaux de pluie, à cause des défauts de drainage. A Nouakchott, les habitants de Dar Naim, El Mina et Sebkha subissent, chaque année, les effets dévastateurs d’une gouvernance à l’aveugle où le plan d’urgence et les dons de vivres et d’argent ont remplacé la prévoyance, donc la projection de long terme.

Dans le contexte de la désolation débridée et du fatalisme, l’inspection générale de l’Etat (Ige), lors d’un point de presse de septembre 2022, s’adressait, en priorité, à l’opinion extérieure ; elle daigna rendre compte d’une infime portion des faits de mal-gouvernance. Même s’il y a lieu de saluer l’exercice formel, force est d’y déplorer la réticence à violer l’anonymat des auteurs présumés ; aucun n’a été démis de ses de ses fonctions ni poursuivi en justice. Cependant, l’aveu inachevé de l’Ige apporte un éclairage sur l’étendue de la prévarication parmi les serviteurs de la puissance publique. Le scrupule à détourner, surfacturer et frauder afin d’empêcher la traçabilité et la redevabilité, s’amenuise.

Aujourd’hui le laisser-aller n’épargne nul secteur de l’appareil de décision, comme le démontre le niveau d’exécution des projets : selon les termes du ministre de tutelle, la moitié des réalisations s’effectue en dehors de l’autorité du gouvernement et l’autre, varie entre échec et retard.

De son côté, l’opposition traditionnelle ressurgit, suivant un cycle saisonnier, oscillant de la déception à l’amertume, en passant par la lassitude, après avoir découvert combien le pouvoir de l’incurie l’a trahie et malmenée, sans recours à la coercition. Grâce au levier des débauchages et allocations de faveurs matérielles et statutaires, le pouvoir des généraux n’avait plus besoin de convoquer les assises du dialogue politique. L’espoir de la concertation et du déballage salvateur aura mué en mirage. Le dossier dit du « passif humanitaire » ne fait exception, avec le refus de défaire la loi scélérate de 1993, portant

« amnistie » des tortionnaires de 1986 à 1991. Pourtant, l’instruction judiciaire des évènements en litige demeure l’unique voix de la rémission. La riposte aux survivances de l’esclavage et à ses incidences sur le devenir de la citoyenneté manque toujours de clarté ; nonobstant l’inflation législative, beaucoup de cas échappent à la sanction ; certains bénéficient d’une qualification en délit connexe, si ce n’est d’une manipulation devant produire de l’indulgence à l’endroit des contrevenants. Les mesures sociales d’émancipation de la main d’œuvre servile, au travers de l’agence Taazour, fonctionnent plutôt comme une entreprise de prédation oblique et de clientélisme entre deux scrutins.

En réalité, le tableau ici exposé prouve que l’inaboutissement des engagements du Président n’est pas dû aux seuls facteurs de négligence, de défaut de prospective et de tiraillement entre les différents centres de décisions ; il découle, d’abord, des réticences

mentales à l’égalité et de l’aversion au changement, mots perçus, autour du Prince, comme un risque de déclassement voire d’assujettissement aux cadets sociaux ; la promotion de ceux-ci, comporte, aux yeux du groupe dirigeant, le péril d’une domination à l’envers dont ses membres seraient les victimes expiatoires, jusqu’à la fin des temps.

Trois décennies après avoir conquis, de haute lutte, quelques droits et libertés d’expression d’organisation et de rassemblement, les Mauritaniens se font à l’évidence de leur musellement, en vertu de la loi incriminant l’atteinte aux symboles de l’Etat ; de facto, le texte transforme, l’ensemble des administrés, en prisonniers effectifs ou potentiels, au gré des interprétations et des crises. L’application de ses clauses ouvre la voie à une chasse aux sorcières graduelle, certes d’une intensité moindre que la pratique du communisme, du fascisme et des dictatures conservatrices ; néanmoins, l’Inquisition guette.

Trente ans après la promulgation de la constitution du 20 juillet 1991 et de l’ordonnance du Comité militaire de salut national (Cmsn) organisant les partis, éclot, à présent, la volonté d’entraver les acquis de la démocratie et de restaurer une dose acceptable de despotisme, au prétexte de préserver la paix, celle des puissants. La fin du pluralisme – même partiel et déformé – se profile, en Mauritanie.

L’actuel personnel en charge d’assurer l’intérêt général, classe d’autodidactes héritiers de l’ère Ould Taya, n’affiche plus le sens de l’histoire ni la conscience suffisante des menaces qui pèsent sur le pays et risquent de compromettre sa pérennité. Nous réalisons, jour après jour, que la Mauritanie évolue vers le cumul fatidique des tensions. Les détenteurs de l’autorité ont prouvé leur impuissance à imaginer et appliquer un modèle inclusif de reconstruction ; les gouvernés eux-mêmes n’en peuvent plus de subir davantage de pression et de déconsidération ; les instances traditionnelles de contrôle de l’opinion et d’entrave à l’insurrection légitime s’érodent, du fait de leur discrédit moral. La tribu et la religiosité de la surenchère, principaux piliers du statu quo, tendent à perdre de leur capacité de persuasion, au profit d’un recours ascendant à l’exclusion et à la brutalité. Tôt ou tard, chacune subira son heure de vérité dont elle ne se relèverait plus. Ainsi va l’histoire de l’humanité.

Le devoir implique l’action

Au lieu de ruminer le récit des défis et des dangers qui guettent à l’intérieur et à la lisière de nos frontières, il importe de concevoir des stratégies de développement en mesure de désamorcer la menace de l’extinction ; loin de l’entêtement de la plupart des gouvernements, à persévérer dans l’erreur et le déni de leur insuccès, l’épreuve requiert l’audace à trancher et la générosité des objectifs.

Le parti d’une Mauritanie forte, en dépit de sa privation d’existence légale mais porteur d’une sortie du chaos et un dessein de relèvement multidimensionnel,

  • Appelle, les Mauritaniens, à resserrer les rangs, pour faire échec aux diversions qui visent à les détourner des questions de survie et les vider de l’énergie réformatrice, en les impliquant dans les débats de l’identité linguistique, de la foi et des irrédentismes. La rationalité élémentaire leur commande de refuser le pillage des ressources, la prévarication, les faux diplômes, les abus de conduite des marchés publics, les mutilations à la cohésion sociale, le règne de la médiocratie monolingue…
  • Exhorte, les compatriotes et leurs alliés, à parachever le rétablissement du pluralisme, au service, double, de l’égalité des chances et de la répartition de la richesse, les deux piliers de la stabilité sous l’égide de l’équité. La prospérité durable résulte de la conjonction du travail, de la neutralité du droit et de la ferveur du rêve collectif. Nous incarnons la relève.

Le Parti de la Mauritanie forte (Pmf)

Commission politique

28 Septembre 2022

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