Interview du directeur général de l’ANARPAM

El Hachemy Ould Cheikh Sidaty, Directeur Général de l’Agence Nationale de Recherches Géologiques et du Patrimoine Minier :

« L’ANARPAM a pour objet la recherche géologique, la promotion minière et la gestion des participations de l’Etat dans les sociétés minières. »

Créée en 2020, l’Agence Nationale de Recherches Géologiques et du Patrimoine Minier (ANARPAM) a supplanté l’Office Mauritanien des Recherches Géologiques (OMRG).

L’ANARPAM est dirigée par Mr El Hachemy Ould Cheikh Sidaty, un ingénieur géologue qui a fait carrière dans le secteur.

Il nous livre dans cette interview les grandes lignes de sa feuille de route.

-Pouvez-vous nous présenter l’Agence Nationale de Recherches Géologiques et du Patrimoine Minier ? A quoi consiste sa mission et quelle différence avec l’OMRG ?

L’Agence Nationale de Recherches Géologiques et du Patrimoine Minier a été instituée par le décret 2020-064 du 28 mai 2020. L’Office Mauritanien des Recherches Géologiques (OMRG), créé aux termes du décret n° 84-202 du 10 septembre 1984 est absorbé par l’ANARPAM à laquelle sont transférées ses actifs et ses passifs.

L’ANARPAM a pour objet la recherche géologique, la promotion minière et la gestion des participations de l’Etat dans les sociétés minières.

Les missions de l’ANARPAM se déclinent selon ses attributions (i) d’opérateur public en matière de recherches géologiques et de promotion minière, et (ii) d’opérateur minier en charge de la gestion des participations de l’Etat dans les sociétés minières.

  1. En tant qu’opérateur public de l’Etat :

L’ANARPAM exécute des activités au profit de l’Etat selon un contrat-programme entre l’Etat et l’ANARPAM. Ces activités se présentent comme suit :

  • Amélioration de l’infrastructure géologique par l’exécution ou la délégation des travaux de cartographies géologiques et de levés géophysiques ;
  • promotion des ressources minérales solides sur le territoire national ;
  • collecte, stockage, mise à jour et dissémination des données géo-scientifiques de base ;
  • gestion et mise à jour du Système d’Information Géologique et Minier ;
  • apport du progrès technologique et notamment la digitalisation de ses opérations et de ses prestations.
  • En tant que gestionnaire des participations de l’Etat dans les sociétés minières, l’ANARPAM a pour mission :

La représentation et la gestion des participations de l’Etat dans les sociétés d’exploitation minières ainsi que la prise de participation dans ces sociétés ou dans des projets miniers ;

La valorisation, la promotion, le développement, la gestion et l’exploitation des découvertes et accumulations minérales ;

L’assistance technique au profit de l’Etat et aux tiers et l’exercice de tous services miniers tels que la logistique, les études et ingénierie, les forages, la gestion et le suivi des projets, etc ;

Et plus généralement la réalisation de toutes opérations commerciales, industrielles, mobilières, immobilières et financières se rapportant directement ou indirectement à son objet ou susceptibles d’en faciliter la réalisation ou l’extension.

-Le sous-sol Mauritanien est réputée riche en ressources minières ; on parle de 900 indices. Qu’en est-il réellement ?

Tout à fait, le territoire mauritanien représente un prototype de la croûte terrestre. En effet on y trouve les roches sédimentaires, les roches plutoniques et les roches métamorphiques. Donc toutes les richesses minières sont censées être là. Il y a plus de 1000 indices miniers. Les indices sont très encourageants et il va falloir juste un accompagnement par la recherche approfondie et des investissements conséquents.

-A votre niveau quel est l’état de la recherche scientifique ?

Pour rappel l’OMRG (aujourd’hui ANARPAM) a mis en évidence plusieurs projets miniers (dont notamment la découverte de l’actuel gisement de Tasiast) ainsi que la réalisation de travaux de recherche dans les 5 zones promotionnelles (ZP) qui lui ont été attribuées depuis 2004 à savoir Sfariat, Zednes, Agane, les 2 Hodhs et présentement les Zones de Selibabi et de Maghama.

Une prospection plus poussée est en perspective pour telles zones promotionnelles en plus d’autres parties du territoire pour les métaux de transition énergétique (Cuivre, Cobalt, Lithium, Nickel, terres rares) ainsi que pour les substances non métalliques (argiles, tourbe, Calcaire, bentonite,…etc).

L’ANARPAM dispose d’un laboratoire accrédité pour les analyses minérales, aux normes et standards en la matière, par un organisme international.

Nous menons des études sur commande pour des entreprises nationales.

-Donc cela veut dire que vous avez les moyens de votre politique ?

Effectivement, l’Etat a doté l’ANARPAM de moyens lui permettant d’acquérir des équipements logistiques notamment un parc de véhicules 4X4 utilisés dans les missions de terrain ainsi que certains équipements géophysiques et du laboratoire. 30 cadres ont été recrutés et formés. Ils bénéficient d’une formation continue.

-Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez et ceux sur lesquels vous allez travailler à court terme ?

En vue de réaliser les missions qui lui sont déjà dévolues, l’ANARPAM  exécutera une feuille de route, à court et moyen terme, déclinée essentiellement selon les 4 axes suivants :

  • Faire des ressources humaines le défi (chalenge) pour la réussite des missions dévolues ;
  • Faire des capacités de réalisation de tous les types de travaux miniers un gage de réussite de l’ANARPAM ;
  • Mettre à jour totalement le laboratoire de l’ANARPAM pour en faire une référence régionale voire mondiale ce qui engendrerait des recettes conséquentes;
  • Attirer davantage d’investisseurs par la Promotion, l’équité et la Transparence à travers une bonne gestion du Patrimoine Minier de notre pays.

Nous travaillons actuellement avec la société MAADEN Mauritanie sur la cartographie des couloirs qui lui sont accordés par l’Etat afin d’évaluer leur potentiel en vue de promouvoir l’activité artisanale..

Il y a un autre projet portant sur les substances non métalliques au niveau de Dakhlet Nouadhibou (essentiellement pour le Calcaire…), mené conjointement depuis 2015 avec BGR (bras de recherche géologique allemand) et dont l’objectif est l’aboutissement à la fabrication du Clinker sur place afin de pouvoir alimenter les cimenteries locales.

Un autre projet au niveau de Hassi Lebiadh (Gorgol) mené aussi conjointement avec nos partenaires allemands sur le Kaolin, lequel a suscité l’intérêt de développement, par des opérateurs nationaux et étrangers en collaboration avec l’ANARPAM.

D’autres projets similaires concernant l’argile, la céramique et la Tourbe sont situés au niveau de la Wilaya du Trarza.

Nous envisageons également approfondir les données et autres études superficielles entamées par l’OMRG. On va les poursuivre en les complétant par les études géophysiques et les sondages.

Nous comptons aussi dans le futur proche nous lancer dans l’exploitation minière.

Propos recueillis Par Bakari Gueye

Spécial HORIZONS Juin 2022

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