Editorial : L’inflation des candidatures est-elle synonyme de bonne santé démocratique ?

La campagne électorale en prévision du scrutin du 13 mai a démarré comme prévu et sans couacs ce vendredi, ce qui en soit est un motif de satisfaction pour tous les acteurs impliqués dans cette opération complexe.

Mais une chose retient l’attention des observateurs. C’est l’explosion des candidatures. Ainsi, rien que pour les municipales, on compte 1368 listes dont 176 pour la seule wilaya du Hodh Charghi (le record national) dont 54 pour la seule ville de Néma qui compte environ 87.000 habitants selon les derniers chiffres de l’Agence Nationale de la Statistique et de l’Analyse Démographique et Économique (ANSADE).

A titre de comparaison, pour les élections municipales françaises de 2020, on comptait 8 candidats chefs de file à Paris, pour une population de plus de 2 millions d’habitants.

Et, mieux encore à New York qui compte plus de 8 millions d’habitants il n’y avait que 2 candidats pour les élections municipales de 2021.

La question qu’on se pose alors c’est de savoir quel est le secret derrière cette foultitude de candidatures partout en Mauritanie, y compris dans les coins les plus reculés et les moins peuplés ?

20 à Bassiknou, 33 à Djiguéni, 25 à Timbédra, 19 à Amourj, 15 à Adel Bagrou…

La situation est similaire dans les autres régions du pays et pas seulement pour les municipales mais aussi pour les régionales et les législatives départementales et nationales.

Cette situation s’explique en grande partie par la désagrégation du paysage politique qui s’aligne sur les dissensions nourries  par les particularismes locaux.

Si le compteur du nombre de partis qui affichait les 100 et poussière a été ramené à 25, cela n’a pas empêché les vieux démons de la division de s’inviter dans le partage du gâteau des investitures aidés en cela par l’absence de discipline de parti, une discipline de façade qui a volé en éclats sous les coups de buttoir des mécontents.

Et pour revenir au nombre élevé de candidatures, il convient de souligner qu’au-delà du fait qu’il constitue un grand défi aux plans logistique et organisationnel, il ne va pas de pair avec la maturité démocratique des électeurs dont beaucoup ont du mal à faire le bon choix du fait de la complexité du bulletin de vote.

L’expérience démocratique mauritanienne est certes encore récente comparée aux vieilles démocraties occidentales mais après 37 ans d’existence (expérience de 1986), elle gagnerait à être améliorée surtout le volet concernant les conditions de candidature.

C’est en effet inadmissible et dangereux de laisser postuler n’importe qui aux postes de député, de maire et autre. On a besoin d’établir un minimum de garde-fous pour éviter la banalisation de ces postes qui en réalité sont des postes stratégiques.

Cela dit, malgré toutes ces tares, l’organisation régulière d’élections démocratiques à tous les échelons, fait de la Mauritanie un pays résolument tournée vers la voie de la démocratie.

Bakari Gueye   

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