Tribune : REFORMER POUR GAGNER LE DÉFI DE L’EMPOI

Dans son discours d’investiture, son excellence le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a mis au cœur de son action pour les cinq prochaines années, la JEUNESSE : « …Ce sera un mandat de la jeunesse, parce que la jeunesse est l’espoir de notre nation, sa force, son présent et son avenir, et il n’y a pas d’espoir pour une nation qui ignore sa jeunesse, laissant ses énergies hors des voies de l’éducation, de la formation, de l’intégration et de la participation. Nous consacrerons toutes nos politiques publiques à la lutte contre le chômage, à l’éducation, à la formation et à l’intégration des jeunes, de tous les jeunes, quels que soient leurs parcours. »

Son excellence le Président de la République a joint les paroles aux actes, avec la nomination comme Premier Ministre Mokhtar Ould Diay : jeune, dynamique, compétent, expérimenté, déterminé et fidèle à ses convictions. S’il y a une chose sur laquelle tout le monde est unanime, c’est qu’il est un travailleur infatigable, sans état d’âme et c’est ce qu’il faut à la Mauritanie aujourd’hui.

Cependant, pour ne pas décevoir et réussir la lutte contre le chômage en général et celui des jeunes en particulier, il faudrait une réforme en profondeur de trois secteurs : le TRAVAIL, L’EMPLOI et la FORMATION PROFESSIONNELLE.

En Mauritanie nous avons quatre principaux problèmes liés à ces questions, d’une part d’ordre culturel, d’autre part la faible maîtrise des compétences, l’inadéquation de la demande et de l’offre et enfin un coût du travail très cher.

Il faudrait d’abord mettre en valeur culturellement et professionnellement certains métiers, mettre un fort accent sur les catégories de techniciens et techniciens supérieurs, avec des durées de formations significatives (au moins 2 ans), ce qui permettrait une bonne maitrise de ses métiers et des rémunérations attractives.

Le point le plus important de cette réforme serait d’ordre fiscal, car le cout du travail semble très cher en Mauritanie, comparativement aux pays de la sous-région.

Sous l’égide d’un seul et grand Ministère du travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle avec deux Secrétariats d’État qui s’occuperont de l’Emploi et de la Formation Professionnelle. Cela permettrait d’avoir une cohérence dans l’action et une coordination objective, au lieu que chaque ministère fasse sa partition.

Cette réforme concernerait le Code du Travail, la Convention Collective Nationale, la fiscalité du travail, et une refonte de l’ensemble des dispositifs de la formation professionnelle et/ou qualifiante.

Réforme du code du travail : au-delà de quelques adaptations circonstancielles, le code du travail de notre pays n’a pas connu de réforme majeure face à l’évolution du marché du travail et aux nouveaux enjeux.

Par la même occasion, la Convention Collective Nationale, qui date de 1974, à l’époque où la Mauritanie ne comptait que quelques entreprises publiques et privées, devrait s’adapter aux évolutions sociales, économiques et juridiques mais également aux révolutions numériques et digitales.

A titre d’exemples, ce nouveau ministère pourrait articuler sa stratégie autour des éléments suivants :

  • une réforme fiscale portant sur l’Impôt sur la Taxation des Salaires (ITS), qui varie aujourd’hui entre 15, 25 et 40% du salaire, pourrait être un réel moteur à la création de l’emploi et à la revalorisation du niveau de vie des salariés. Il s’agirait de lutter contre la fraude à la déclaration des salariés et ainsi favoriserait leur déclaration à la CNSS et CNAM, qui pourrait jouer un véritable rôle de solidarité sociale.
  • Un Observatoire National de l’Emploi et de la Formation

A l’instar d’autres pays, la création d’un Observatoire National de l’Emploi, des Métiers et des Compétences permettrait la mise en place d’une cartographie des métiers et des compétences. Des référentiels de formation pourront ainsi être développés. Cette structure mettrait en place tous les indicateurs sur lesquels s’appuyer pour développer notre stratégie nationale. Les opérateurs publics et privés devront être associés à la collecte des données.

Il contribuera également à instaurer une meilleure adéquation entre les besoins et les potentialités de l’économie, d’une part, et le système de formation, d’autre part.

  • Formations en alternance et apprentissages : 

Toutes les études sur l’insertion professionnelle montrent que l’accès à l’emploi est facilité par la formation en alternance (école et entreprise). Or notre système de formation professionnelle aujourd’hui n’offre pas cette option. Les entreprises devront avoir une obligation légale et des incitations fiscales les encourageant à accompagner les jeunes dans le cadre de formations en alternance.

Ces formations en alternance seront encadrées et suivies scrupuleusement au sein des organismes de formation et des entreprises d’accueil.

  • Les dispositifs d’accompagnement et d’orientation des jeunes

Les centres d’information et d’orientation des jeunes pourront être rigoureusement renforcées avec un accompagnement à la définition de leur projet professionnel et des ateliers pour apprendre les techniques de recherche d’emploi.

  • L’accompagnement à la création d’entreprise

Comment peut-on dire aux jeunes, dans tous les forums « entreprenez » sachant qu’il leur est difficile voire impossible d’accéder au crédit et de surcroit l’impossibilité pour les jeunes d’accéder au moindre marché public ?

Pour cela, parmi beaucoup d’autres choses, il faudrait un système de crédit à taux zéro et la création d’une catégorie de marchés publics destinés aux jeunes entrepreneurs.

Boubou SYLLA

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