Dans le cadre de la quinzaine de l’Environnement placée cette année sous le thème « Protéger au moins 30% de notre planète bleue », le projet WACA (Programme de gestion du littoral Ouest Africain-Mauritanie a organisé aujourd’hui une journée de sensibilisation en collaboration avec l’Association des Journalistes Amis du Littoral (AJAL).
Au programme une visite de terrain le long du littoral de Nouakchott afin d’observer de près le danger que constitue certaines brèches au niveau de la côte.
La situation est d’autant plus préoccupante que les côtes mauritaniennes ont été classées parmi les zones à risques et selon les scénarii du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la ville de Nouakchott est particulièrement très vulnérable aux submersions marines.
D’ailleurs en décembre 1997 un raz de marée avait altéré une partie du cordon dunaire littoral, protégeant la capitale, submergeant le marché de poisson et faisant un mort.
Selon Dafa Adama expert au sein du projet, les brèches en question sont le fait de l’activité humaine (exploitation du sable pour usage de construction) et sont attisées par les effets du changement climatique.
Les activités anthropiques ont profondément détérioré la façade côtière notamment à certains endroits. Et aujourd’hui on compte 21 brèches au total dont 3 d’une extrême gravité (les 9, 13 et 16) et sur lesquelles travaillent prioritairement le projet WACA. Les études sont déjà à point et l’exécution des travaux de colmatage devrait intervenir d’ici la fin de l’année.
Au niveau de deux de ces brèches que les journalistes ont visité des travaux de fixation biologique (avec des plantes halophyles comme le Séssivium) et mécaniques (recours au clonage) ont déjà été exécutés sur certains blocs. On étudie aussi l’option du renforcement du cordon dunaire par la plantation de filaos et l’utilisation de nattes de Tipha comme cela est fait au Sénégal.
Ainsi donc parmi les investissements retenus par la composante 3 du WACA Res IP, figure le sous-projet de colmatage des trois brèches susmentionnées sur le cordon dunaire protégeant la ville de Nouakchott contre les incursions marines potentielles.
La création récente d’une brigade de surveillance du littoral est à saluer mais elles doivent éviter la bétonisation de la bande côtière et légiférer de manière dissuasive sur l’occupation du sol.
Sachant que la ville de Nouakchott se trouve en dessous du niveau de la mer, ces brèches constituent une réelle menace notamment pour les communes littorales très peuplées de Sebkha, Tevrak Zeina et El Mina.
C’est pourquoi il est urgent que les autorités surveillent de près ce qui se passe au niveau du littoral qui continue à subir des détériorations. Et au-delà de Nouakchott il serait également impératif d’intervenir au niveau de la Baie de l’Etoile au large de Nouadhibou où cette rivière de 184 ha doit être préservée de l’action humaine et classée réserve naturelle.
Au cours de cette journée, les journalistes du réseau AJAL ont été sensibilisés sur les différents aspects de cette problématique.
Rappelons que l’Association des Journalistes Amis du Littoral (AJAL) avait été créée à l’issue d’un atelier d’information et d’échanges sur les enjeux de la gestion du littoral mauritanien, organisé à Nouakchott en mars 2021 par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable et le projet WACA Mauritanie.
Bakari Gueye