Hommage: A Sidel, mon frère

Quoi de plus affligeant que la nouvelle de la disparition de mon frère Sidel, Sidel Moctar Cheiguer pour les autres, une nouvelle que j’ai ressentie comme un coup de massue qui m’a profondément abattu.
Sidel est plus qu’un ami pour moi, c’est un frère au vrai sens affectif du terme. Nous avons vécu chacun chez l’autre comme chez lui-même, nous avons partagé les rêves, la scolarité, la contestation des folles années soixante-dix, les voyages aventuriers, la passion du journalisme. Nous avons partagé plus de cinquante ans d’amitié fidèle et de fraternité sincère pétries dans une profonde humanité.
Sidel tu as toujours été entier et honnête, franc et direct, courtois et avenant. Ton intelligence déliée t’a valu de réussir tout ce que tu entreprends parce que tu y mets le cœur et la passion. Tu as été parmi le groupe de journalistes qui a lancé la toute première télévision de Mauritanie où tu as ravi le vedettariat et crevé l’écran par ta prestance, ton look et ta présence.
Plus tard, tu fondais le premier magazine économique du pays (l’Essor) dans lequel informations précises, tendances du marché, analyses économiques pertinentes étaient compilées. A la Radio, à la Télé comme à la presse écrite, tu as été ce journaliste brillant, engagé, passionné, ingénieux, adroit, génial, inventif, bienveillant et même parfois, dans les moments de bonne humeur, facétieux, drôle et taquin.
Je me rappelle alors même que nous étions au collège, tu mimais à s’y méprendre les grands journalistes de Radio France Inter dont tu restituais à merveille les voix, les timbres et les intonations. Cette vocation t’habitait profondément et, quand l’occasion te fut finalement donnée, tu l’as vécue intensément, avec brio et talent.
Tu es demeuré ce journaliste professionnel attaché à la liberté, à la vérité des faits et aux causes justes pour lesquelles ton engagement n’a jamais failli comme cela fut le cas pour la planète. Tu as été de tous les combats pour l’environnement, tu as sillonné le monde pour plaider cette cause, tu as participé à toutes les conférences internationales des Nations Unies et tous les fora sur le climat, tu as su tisser un vaste et dense réseau de journalistes à travers l’Afrique pour la défense de l’environnement et tu as, grâce à ton entregent, échangé avec les grands de ce monde sur toutes ces questions.
Plus que tout cela, Sidel, tu es cet homme pieux, fidèle croyant qui pratique la foi sans ostentation, dans l’humilité et qui décline sa religion dans la quotidienneté de ses actes dans l’humanité et la générosité.
Toutes ces semaines, quand je te contactais à la mi-journée, tu étais injoignable parce que tu étais à la Mosquée. Cela se répétait quasiment tous les jours parce qu’à chaque fois j’oubliais qu’il y avait un décalage horaire entre Nouakchott et Niamey. Tu me trouvais gâteux et je m’en défendais fermement, te rappelant que nous avons le même âge exactement.
Sidel, ces narquoiseries caustiques me font penser au trio espiègle que nous formions, toi, feu Abdallahi Ould Haïmoudane et moi-même.
Vos départs demeureront pour moi une perte incommensurable.
Que la Paix du Suprême soit sur vous deux et qu’Allah vous entoure de ses éternelles félicités.

Inna Lilahi We Inna Ileyhi Rajioune !

Hamada

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