La Commission Langue était en conclave, ce matin à l’hôtel Dialali autour de la problématique de l’harmonisation de l’orthographe du Soninké. Une réunion au cours de laquelle, les experts et linguistes accordent leur violon. En effet, si la langue Soninké est parlée dans plusieurs pays d’Afrique, principalement le Sénégal, le Mali, la Guinée et la Gambie, en plus de la diaspora Européenne et Américaine, elle reste marquée, tout de même à l’instar de toutes les langues par une diversité phonétique, appelés par les linguistes variantes régionales.
Ces disparités phonétiques liées souvent à la géographie, à l’origine et au contact avec d’autres langues et cultures n’influent nullement sur la communication et compréhension mutuelle entre les locuteurs. Cependant, au plan académique, envisager l’écriture d’une langue dans une perspective de la rendre intelligible et scientifique implique nécessairement un consensus et des compromis.
L’écriture de toute langue repose sur une convention autour de signes linguistiques. Ainsi, l’harmonisation de l’orthographe, au cœur des préoccupations de la Commission Langue du FISO 2023, est en soi fondamentale, de par sa référence à des règles, à une écriture standard et normative ; même si dans le parler chacune (les différentes communautés Soninké) garde son accent et ses variations linguistiques territoriales.
Selon Yéro Sylla linguiste et cadre de l’Institut des Langues Nationales (1979- 1999) des efforts et même des acquis obtenus dans le projet d’harmonisation de l’orthographe Soninké ; précisant que les différentes Associations Soninké ont perçu la nécessité de cette harmonisation.
Au menu des difficultés que rencontre la Commission Langue, M. Sylla a indiqué que cette question d’une orthographe harmonisée est d’abord technique et scientifique.
Il a déploré son appropriation mais surtout l’entrée par effraction des « profanes » dans le débat alors qu’ils n’ont pas le background nécessaire leur permettant d’appréhender tous les contours de la question.
En guise d’illustration, M. Sylla nous a présentés un cours de linguistique sur l’usage de la lettre H en position initiale réalisée en F par certains locuteurs Soninké :
FARE : âne ( parler usité au Guidimakha)
HARE : âne ( parler usité à Kaédi, le Diafounou etc.).
Pour l’expert, le H est un glissement alors que F est la prononciation authentique ; s’appuyant ainsi sur la famille des langues Mandé à laquelle appartient le Soninké.
En effet, en Bambara, autre langue mandé, le F est maintenu : on dit Fali ; un contact observable pour les autres langues de la même famille linguistique. M. Sylla a tout de même rappelé que le H prononcé en position initiale en Soninké est un emprunt du fait de sa présence dans des mots d’origine Arabe …
La Commission Langue est donc en passe de gagner le pari de l’harmonisation de l’orthographe du Soninké. Des efforts matérialisés par l’acquisition, cette année de l’agrément d’une Académie de la langue Soninké dont le siège est basé en Gambie.
Seyré SIDIBE
Source: OndeInfo