Editorial : 62ème anniversaire de l’indépendance nationale : La Mauritanie toujours au creux de la vague

La Mauritanie souffle ce 28 novembre 2022 ses 62 bougies. Ce pays sorti du néant après avoir été soumis par l’ancienne puissance colonisatrice à une diète noire, s’est très vite forgé une place dans le concert des nations, grâce à la volonté de fer et au puissant esprit patriotique qui animait ses pères fondateurs, Me Mokhtar Ould Dadah et son équipe arc-en-ciel.

Ayant hérité d’un pays en jachère, une vaste étendue désertique, pratiquement sans la moindre infrastructure digne de ce nom, aux ressources limitées et dans un environnement politique hostile, les artisans de la construction du nouvel Etat, ont fait preuve de génie créateur parvenant ainsi à relever des défis énormes.

Entre autres l’édification d’une capitale moderne, la reconnaissance internationale avec l’adhésion du pays aux Nations Unies, la révision des accords avec la France avec notamment la création de la monnaie nationale et la nationalisation de la MIFERMA…

A tout cela il convient d’ajouter une gestion saine des deniers publics (avec un train de vie de l’Etat réduit à sa plus simple expression) et la mise sur pied d’une diplomatie agressive et dynamique qui a consacré le leadership du pays au niveau africain et même au-delà.

C’est ainsi que la Mauritanie a joué un rôle important dans la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Son rôle était également crucial au sein du Mouvement des Non- Alignés.

Ainsi, les dirigeants de la première république avaient fait le plus difficile en posant les jalons d’un Etat moderne et en tentant, autant que faire se peut, de consolider l’unité nationale, d’instaurer une justice sociale et d’assurer à chaque citoyen le bien-être matériel le plus élémentaire, l’éduquer, lui faire redécouvrir sa personnalité et sa conscience profondes, restituer à l’ensemble du corps social les valeurs et les vertus authentiquement nationales.

La seule ombre au tableau aura été l’intermède de la guerre du Sahara qui a fortement ébranlé tous ces précieux acquis.

Et, malheureusement avec l’avènement de l’ère des coups d’état, des révolutions de palais et autres régimes à coloration « démocratique », le pays a fait un bond en arrière.

Cela est d’autant plus paradoxal qu’il dispose de beaucoup plus de ressources. Ses richesses se sont d’ailleurs accrues et de manière exponentielle mais il est géré comme une boutique. L’Etat est conçu comme une vache à lait exclusivement au service de ceux qui le gouvernent.

Ainsi du fait de la mauvaise gestion pratiquement aucun secteur ne fonctionne normalement.

Le principe du diviser pour régner est très usité et la politisation excessive de la vie publique met l’Etat à genoux.

Les départements ministériels, les entreprises publiques sont gérés comme des propriétés privés. Les postes y sont distribués en vertu de critères tribaux, régionaux, raciaux…

Et l’accès aux différents services fournis par l’Etat se fait suivant ces mêmes critères.

Malheureusement nos gouvernants optent jusque-là pour cette approche suicidaire et font la sourde oreille. Ils vivent dans un cocon à l’intérieur de leurs bureaux douillets et se contentent d’abreuver le pauvre peuple de discours dithyrambiques aussi fallacieux que démagogiques.

Cette situation n’a malheureusement que trop duré et à l’occasion de ce 62ème anniversaire et à la veille de l’exploitation des importantes richesses gazières, ils doivent se ressaisir en s’inspirant des pères fondateurs afin de remettre le pays sur les rails.

Bakari Gueye

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