Editorial : Année Scolaire 2022-2023, Exclusivité des inscriptions en 1ère année pour le public : Est-ce le début de l’école républicaine ?

L’année scolaire 2022-2023 qui débutera en principe dans quelques jours sera marquée par le lancement effectif de l’école républicaine avec les inscriptions en 1ère année du primaire qui seront l’apanage exclusif de l’école publique.

Cette annonce faîte il  y a juste quelques semaines par le ministre de l’éducation sortant a fait l’effet d’une bombe. Elle a soulevé un véritable tollé dans les milieux de l’enseignement privé qui se sent visé par cette mesure qui, si jamais elle était mise à exécution va le priver d’une véritable manne financière qui risquerait de lui porter le coup de grâce.

En effet, l’enjeu est de taille car ce sont des centaines de millions voire même des milliards d’ouguiyas qui sont en jeu.

Certes, la mesure était prévue depuis belle lurette mais il se trouve que le train de cette fameuse école républicaine qu’on nous a promis dans le cadre du programme du président de la République, ce train était resté cloué au sol. Et paradoxalement c’est plutôt l’effet contraire qui s’était produit car le système éducatif s’est détérioré du fait d’une politique hasardeuse et d’une absence cruelle de vision. Le département est piloté à vue et est conçu tout juste comme un simple instrument au service de la politique politicienne sous-tendue par des intérêts partisans et égoïstes.

Et pour revenir à cette mesure inique qui tombe comme un couperet, elle n’a bizarrement fait l’objet d’aucune concertation préalable notamment avec les responsables de l’enseignement privé pourtant considérés par le ministère comme étant des partenaires privilégiés.

 Leur point de vue est d’autant plus crucial qu’ils risquent le dépôt de bilan si le ministère passait à l’acte. Et on sait que ce sera un désastre pour le système éducatif mauritanien si jamais les écoles privées mettent la clé sous le paillasson. Ce sont des milliers et des milliers d’enfants qui se retrouveront dans la rue car les capacités d’accueil de l’enseignement public sont limitées.

Pourtant des concertations ont eu lieu tout dernièrement sur la loi d’orientation de l’éducation mais curieusement ce point si important ne figurait pas dans l’ordre du jour. Comment peut-on imaginer cela ?

Rappelons au passage que des dizaines de millions ont été dépensés pour l’organisation de ces concertations qui se sont terminées en queue de poisson avec des résultats contestés.

Ainsi, et depuis belle lurette, à l’instar de tous les actes décrétés dans le cadre d’une politique éducative basée sur l’improvisation, le colmatage et le mimétisme, la décision d’imposer les inscriptions en 1ère année dans l’enseignement public risque de se transformer en fiasco.

Il s’agit en fait d’une décision populiste et inappropriée dans un contexte général marqué par un déficit flagrant en salles de classe (les enfants se retrouvent à plus de 100 par classe), d’enseignants et de matériel pédagogique. En effet entre les déclarations officielles triomphalistes et la réalité sur le terrain le fossé est énorme.

Certains membres du gouvernement ont inscrit leurs enfants à l’étranger au primaire, au secondaire…

Qui est le responsable gouvernemental qui inscrira cette année son enfant à l’école publique pour ne serait-ce que montrer le bon exemple ? Aucun car ils ne croient même pas à leur propre politique.

Déjà au niveau de certaines écoles privées de la place on se prépare pour passer outre cette décision et les inscriptions en 1ère année ont commencé. Ces gens connaissent tellement le système qu’ils sont presque sûrs que la décision ne sera pas appliquée à la lettre.

Au niveau du département de l’éducation tout est à refaire. Il faut partir sur de nouvelles bases en s’attaquant au système affairiste et injuste mis en place depuis des décennies. Et ce n’est qu’à ce prix que notre école pourrait sortir la tête de l’eau.

Avec cette loi d’orientation qui continue à faire des vagues, la grogne qui monte crescendo au niveau de l’enseignement privé et les syndicats qui contestent la transparence des affectations, le tout nouveau ministre aura droit à un cocktail explosif, en guise d’entrée et doit savoir à quoi s’en tenir.

Quant à la mise en œuvre de l’école républicaine elle doit encore attendre.

Bakari Gueye

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