Editorial : Enième remaniement ministériel : Assurer les affaires courantes et sauver les meubles

Après une longue période de léthargie marquée par une hausse de plus en plus intenable du coût de la vie et une multiplication des scandales économiques et financiers qui ont fait les choux gras des réseaux sociaux, le président Ghazouani vient une fois de plus de remanier son attelage gouvernemental.

Mais le changement de cap tant attendu a une fois de plus été renvoyé aux calendes grecques. C’est une impression de déjà vu qui se dégage de ce remue-ménage en ce sens que ce énième changement a été marqué entre autres par le retour en force de quelques barons de l’ancien régime.

Le président semble opter tous azimuts pour le maintien des anciens équilibres tribaux, ethniques et régionaux ; un statut-quo contre-productif qui annihile toutes les velléités de changement.

Malgré l’autosatisfaction ostensiblement affichée par les différents membres de l’équipe du premier ministre Mohamed Ould Bilal Messaoud, la réalité est somme toute amère et les conséquences des intempéries qui secouent le pays depuis quelques semaines ont mis à nu l’incurie des services de l’Etat.

Un peu partout les populations sinistrées crient à l’aide et ne savent plus à quel saint se vouer.

Jusque dans la capitale, les sans-abris attendent une solution durable à leur calvaire. En attendant elles doivent se contenter de quelques interventions sporadiques et sans lendemain du Commissariat à la Sécurité alimentaire et de l’Agence Taazour qui pèse pourtant à elle seule 200 Milliards d’ouguiyas.

Face aux catastrophes naturelles et notamment les graves inondations qui ont touché plusieurs régions du pays le Comité interministériel de haut niveau mis en place bien avant le début de l’hivernage a brillé par son absence. Aucune initiative digne de ce nom n’a été entreprise.

Autre erreur impardonnable, le gouvernement n’a rien fait pour que le pays puisse profiter des milliards de mètres cubes d’eau qui se sont évaporés dans la nature suite aux nombreuses pluies diluviennes.

Et les rares barrages et autres retenues d’eau le plus souvent fruits de projets mal ficelés n’ont pas résisté pour la plupart à la force des ruissèlements.

On ne comprend pas pourquoi le gouvernement n’a pas mis les bouchées doubles afin de profiter de cette pluviométrie abondante.

Devrait-il seulement se contenter d’une folklorique opération de retour au terroir? Opération sans lendemain car rien ou presque n’a été fait pour apporter un encadrement adéquat aux vrais paysans.

Bref le gouvernement sortant manquait cruellement de vision et les ministres faute d’esprit d’initiative étaient là juste pour la gestion des affaires courantes.

Le piteux état de la Route de l’Espoir résume à lui tout seul l’échec patent du volet infrastructurel du fameux programme « Taahoudati » du président de la République.

Autre échec cuisant, le volet éducation avec la mise sur pied de l’école républicaine qui a lamentablement échoué. C’est en effet un ministère en llambeaux qui a été confié au jeune ministre Soko qui vient ainsi d’être jeté dans une mare à crocodiles.

Ce ministère hyper politisé fait figure d’une véritable écurie d’Augias et a la triste réputation d’être géré comme une boutique.

Ce remaniement ministériel intervient à quelques mois des élections générales et à 2 ans des présidentielles.

Il s’agit d’un remaniement à caractère purement politique.

Le président Ghazouani entend ainsi rebattre ses cartes et se positionner en vue des toutes prochaines joutes électorales.

Le remaniement intervient quelques jours seulement après la mise sur pied d’une commission de reforme du parti-Etat INSAF qui pour sa part bat de l’aile.

Ainsi on note le départ remarquable du ministre de l’Education nationale Ould Eyih qui après avoir échoué sur toute la ligne au niveau du département de l’éducation nationale va ainsi se consacrer à la direction du parti.

On note par ailleurs l’entrée au gouvernement de grosses pointures politico-tribales en l’occurrence l’ex premier ministre de Aziz Moulaye Mohamed Laghdaf et Nani Ould Chrougha autre ancien proche de Aziz et qui a aussi des accointances particulières avec le président Ghazouani. 

Autre pointure politique entrée au gouvernement, le député Niang Mamadou qui fut membre de la Commission d’enquête parlementaire. Il est originaire de la région du Gorgol dans la vallée du fleuve qui concentre un fort potentiel d’électorat négro-africain.

 Ainsi ce remaniement revêt un cachet typiquement politique.

C’est en quelque sorte un gouvernement de « combat » dont la mission sera de permettre au président Ghazouani de se maintenir au pouvoir avec une majorité confortable.

Quand au bien être des mauritaniens et l’amélioration de leurs conditions de vie cela doit encore attendre un éventuel second mandat.

Bakari Guèye

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