Pendant 72 heures, du samedi 24 au lundi 26 août, la région du Guidimakha a enregistré l’équivalent de plusieurs mois de pluies. Quelques jours auparavant, des prières dans plusieurs mosquées sur l’ensemble du pays, avaient appelé à la clémence du ciel face au retard de l’hivernage.
Seulement voilà, un proverbe du terroir dit : « La grenouille dit, demande, de l’eau, mais pas de l’eau bouillante » ! Et pour cause. Avec les importantes quantités d’eau, les torrents ont causé des noyades, des morts, des destructions de maisons et d’édifices (centres administratifs, santés et écoles). Des ponts ont également cédé. Les dégâts sont partout, et énormes.
Au-delà des pertes de vies, d’aucuns ont perdu jusqu’à la dernière brique. Des localités totalement dévastées risquent de rejoindre les contes et légendes : « Il était une fois, ta grand-mère, ma mère, avait vécu à … Samba Kandji .
C’est là-bas que tes 2 oncles et ta tante Djeinaba sont nés. » « C’est où Samba… ? », sera la naïve mais légitime question. « Je te montrerai un jour, si je reprends à marcher ».
Avec une promptitude, à saluer, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a déclenché « un plan Orsec » en dépêchant sur le terrain le ministre de l’Intérieur et de la décentralisation et son homologue de l’Habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire. Dans le même temps des colonnes de l’Armée ont remis en service la partie du pont ayant cédé entre Tachott et Sélibaby, la capitale régionale. L’Etat a fait de son mieux.
« La grenouille dit, demande, de l’eau, mais pas de l’eau bouillante »
Cependant, on le sait, à chaque fois qu’un drame survient, ils sont nombreux à s’agglutiner sous le hêtre : Etat, ONG, Institutions nationales et internationales, Associations, personnalités de ceci et cela… Des fonds se mobilisent, du matériel s’achemine, des structures se montent. Mais les populations sinistrées reçoivent-elles tout ce qui leur est destiné ? Nous l’avons entendu dire pour Haïti, le Rwanda, l’Egypte, le Cameroun, la Guinée, le Libéria, et j’en passe, car les colères du ciel déjouent toutes les arithmétiques. Quand tombe la foudre, la pluie, le feu… passe l’ouragan ; la morale vacille. Et cette litanie : le malheur des uns fait le bonheur des autres !
Aujourd’hui tous avons les yeux tournés vers ce Guidimakha qui interroge toujours le passage des eaux. J’attends le démenti, pour dire aux sinistrés d’ailleurs, c’est vous qui avez mal géré, ou que nous sommes une exception ! Il revient alors à l’Etat, après avoir montré sa célérité face à ces déluges, de veiller à ce que la chaîne de transmission soit bien gérée.
Que les pouvoirs publics demeurent vigilants, afin que les aides arrivent aux réels sinistrés. Puisque les choses ne font que commencer. Après le retrait des eaux, il y a les phases de reconstructions psychologiques et techniques des habitats. Sans oublier les vigilances sanitaires contre les maladies hydriques fréquentent en de telles circonstances.
Les chantiers restent donc énormes. Notamment la remise en opération rapide des structures de santé (hôpitaux, dispensaires, PMI), mais aussi les écoles à la veille de la rentrée scolaire. En plus d’être délabrées, plusieurs écoles sont occupées par des sans-abris. Éprouvante cette année 2019, pour le Guidimakha.
Merci à toutes les bonnes volontés, qui s’activent sur le terrain, nettoient les boues et soulagent les peines des sinistrés ! Et que vivent les solidarités équitables !
Source : http://filefr.ami.mr/pdf/7604-1.pdf Horizons du lundi 9 septembre 2019