Déclaration de l’AMDH sur les rafles et refoulements des étrangers notamment subsaharien

L’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), a constaté avec regret et consternation, la reprise des rafles au faciès et des refoulements aux frontières des étrangers subsahariens depuis le mois de mars 2019. Nous avons pensé que les interpellations intempestives et les reconductions systématiques des étrangers vivant chez nous a connu une accalmie depuis l’année dernière et ce, à cause des réactions diverses de la société civile mauritanienne et africaine qui n’ont pas jugé nécessaire d’engager de telles opérations dont le mode opératoire n’honore pas la Mauritanie et son peuple.

Même si les autorités ont la souveraineté d’organiser des campagnes de contrôle et d’identification des étrangers vivant chez nous, elles doivent le faire avec des règles connues sans porter atteinte à l’intégrité physique et morale  des personnes interpellées, à leurs droits surtout lorsque ces dernières sont gardées à vue dans le tristement célèbre commissariat de Bagdad.

Le traitement réservé à ces personnes étrangères dont les images circulent dans les réseaux sociaux montrent, si besoin en était, que leurs droits sont bafoués alors que nous savons tous que la Mauritanie a  signé et ratifié plusieurs conventions internationales qui l’interdisent la torture sous toutes ses formes, le traitement inhumain et dégradant, les refoulements massifs telle que la convention de Genève de 1951.

En outre plusieurs de nos compatriotes  qui résident et vivent paisiblement dans ces pays dont les ressortissants sont soumis chez nous à des conditions de vie et de détention dégradantes, risquent de subir la réciprocité alors qu’ils sont totalement innocents de ce qui se passent actuellement pour les migrants et les réfugiés vivant en Mauritanie.

Devant cette situation, l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), dénonce avec vigueur ces pratiques dont le seul dessein est de satisfaire les politiques sécuritaires de l’Union Européenne ;

-S’insurge contre le mode opératoire utilisé pour traquer les étrangers comme si nous sommes dans une véritable chasse à l’homme ;

-Exige le respect par la Mauritanie, des conventions signées et ratifiées en matière de droits humains, dans le cadre de l’Accord d’association avec la CEDEAO et de l’Union Africaine.

-invitent les acteurs engagés dans la protection des droits humains des migrants à se mobiliser pour l’arrêt de ces rafles et reconductions des migrants (es) aux frontières.

Enfin, l’AMDH interpelle les ambassades et consulats des pays dont les ressortissants sont interpellés et conduits aux frontières et même de ceux membres de l’Union Européenne, d’engager des discussions claires avec la Mauritanie dans le cadre du séjour des étrangers dans ce pays frère et ami.

 

Fait à Nouakchott, le 23 Avril 2019

Le Bureau Exécutif

 

 

 

           

 

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