El Hussein DIENG à propos de l’accord IRA-SAWAB : « Il fallait atterrir à l’UPR plutôt qu’au SAWAB qui ne se cache pas de son extrémisme encore moins de son idéologie. »

Ancien Secrétaire Général de l’Ira (Initiative pour la Résurgence du mouvement abolitionniste, El Hussein Dieng est aujourd’hui Président de l’Initiative Mauritanienne des Droits de l’Homme (IMDH).

El Hussein DIENG est un activiste des droits de l’homme. Il se définit comme membre fondateur du mouvement IRA « pour avoir signé le premier procès verbal et le seul entendu avec Biram Dah Abeid dans le cadre de l’enquête de moralité du dossier de demande de récépissé (Commissariat El Mina) déposé au Ministère de l’intérieur) ». Ancien Secrétaire Général de l’Ira (Initiative pour la Résurgence du mouvement abolitionniste, El Hussein Dieng est aujourd’hui Président de l’Initiative Mauritanienne des Droits de l’Homme (IMDH). Il a souhaité réagir à la récente signature d’accord entre le mouvement anti-esclavagiste IRA et le parti nationaliste baathiste SAWAB.

Interview

 

 

 

Initiatives News : En tant qu’ancien membre du mouvement IRA, quelle réaction avez vous suite à l’accord signé entre Biram Dah Abeid et le parti SAWAB ?

El Hussein DIENG: Permettez-moi de demander aux musulmans du monde entier pardon à l’occasion de ce mois béni de ramadan, en particulier mes compatriotes. Je profite de l’occasion aussi pour saluer la qualité du travail de votre rédaction. En tant que membre fondateur du mouvement Ira, je ne peux qu’être sidéré par ce mariage de raison ou de cœur qui vient ternir l’image d’une Initiative que nous avions mise en place pour faire face aux nombreuses problématiques des droits de l’homme,  en particulier la lutte contre l’esclavage, le passif humanitaire et les errements des régimes précédents.

« Quand je quittais en 2012 ce bateau, j’avais été taxé de traître et pourtant j’avais vu venir et aujourd’hui l’histoire me donne raison… »

On peut constater aujourd’hui que le combat du mouvement a été trahi dans son essence. Comment justifier  une alliance avec un parti qui a été toujours combattu du fait de son idéologie? Au nom de tous les membres fondateurs du mouvement Ira et dissidents, nous dénonçons jusqu’à la dernière énergie un tel pacte et appelons toutes et tous à voter contre pour toutes les élections à venir. Quand je quittais en 2012 ce bateau, j’avais été taxé de traître et pourtant j’avais vu venir et aujourd’hui l’histoire me donne raison que ceux qui pilotent l’initiative se focalisent sur  leurs intérêts personnels au détriment de la cause. Combien de militants ont quitté pour les mêmes raisons?

 

« Nous dénonçons ce pacte insultant pour la mémoire de tous ceux qui sont assassinés à cause de l’idéologie baathiste. »

Initiatives News : Vous avez quitté IRA en 2012, d’autres ont quitté le bateau comme vous dites. La plupart, comme vous, ont eu une contrepartie confortable…N’est ce pas symptomatique d’un jeu d’intérêt personnel après tout? Un peu comme ce que vous êtes en train de reprocher à votre ami  Biram?

El Hussein DIENG: Les approches ne sont pas les mêmes. Tous les gens qui ont quitté sont des hommes et des femmes de valeurs. Ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Ils ne peuvent pas tous quitter pour des intérêts personnels. Tous ces gens ont claqué la porte le plus souvent à cause de la gestion unilatérale et trop partisane du mouvement. Ils ont compris que ceux qui pilotent l’initiative avaient des intérêts qu’ils ne dévoilaient jamais aux militants.

Je parle sous le contrôle de mes doyens, frères et amis qui, tous,  ont constaté l’opacité qui entourait le fonctionnement du mouvement,  donc des intérêts tirés d’ailleurs et des prix obtenus par la sueur des militants. Et les gens qui ont rejoint le président de la république dans son projet ont constaté une volonté. Combien de fois, les autres ont rencontré le président de la République pour soutenir des intérêts cryptos personnels sans jamais informer l’opinion?

« Ceux qui ont rejoint le régime assument leur choix. »

Initiatives News : Ce qui est saisissant, c’est que vous-vous êtes tous, ou presque, retrouvés dans le camp du pouvoir, ou, à défaut, dans une espèce de neutralité, une passivité quasiment douteuse….

El Hussein DIENG: Non, il y en a qui gardent  encore leur neutralité. Je veux nommer  Brahim Ramdan, Diop Amadou Tijane (dont le parti n’a pas été reconnu)  entre  autres. Ceux qui ont rejoint le régime assument leur choix. Ils  l’ont fait car ils ont constaté une volonté du pouvoir de prendre en charge les préoccupations du mouvement. Les autres qui sont restés ont aussi trouvé à leur niveau des robinets bien ouverts d’ailleurs.

 

« Les récépissés de deux  partis politiques récemment  reconnus doivent être retirés car ils divisent et ne rassemblent pas les citoyens autour de valeurs de citoyenneté et de patriotisme. Il s’agit du parti Nidal Al Watan (appel de la nation) de Daoud Ould Ahmed Aicha et du parti du  Ribat National pour la défense  des droits et  la construction  des générations de  Saad Ould Louleid. La volonté de l’Etat d’assainir les partis politiques doit aller dans ce sens. »

 

Initiatives News : Que reprochez-vous  concrètement au pacte entre IRA et SAWAB ?

El Hussein DIENG: Nous dénonçons ce pacte insultant pour la mémoire de tous ceux qui sont assassinés à cause de l’idéologie baathiste. Comment une organisation de droits de l’homme peut signer d’ailleurs alliance avec un parti politique pour des perspectives politiques? Devrait-on permettre aux associations de la société civile de signer désormais des alliances avec les partis politiques ?  Il suffit aujourd’hui de parcourir la presse, les réseaux sociaux et les places publiques pour se rendre compte combien les gens sont surpris, et envahis par une déception et la trahison.

Il fallait atterrir à l’UPR plutôt qu’au SAWAB qui ne se cache pas de son extrémisme encore moins de son idéologie. C’est d’ailleurs un parti à dissoudre car à une seule connotation et versé dans l’extrémisme qui est loin de la politique de l’Etat en matière de cohésion sociale. La signature d’un tel pacte signifie pour nous que  ceux qui pilotent aujourd’hui cette initiative sont fatigués du combat et sont obligés de trouver une autre issue devant la conjoncture d’autant plus que l’Etat héritier de tous ces problèmes apporte des solutions aux problèmes qui ont toujours été posés. En langage clair c’est monnayer le combat.

Initiatives News : Vous dites que SAWAB est un parti à dissoudre. N’est ce  pas trop fort ? Quels faits avérés pouvez vous citer  pour asseoir cet appel à la dissolution d’un parti politique?

El Hussein DIENG: Je fais cette interview en tant que membre fondateur d’IRA et activiste des droits de l’homme. Il faut lever cette équivoque.

La dissolution de ce parti s’explique par les textes qui fondent un parti politique. Un parti ne doit pas être d’obédience extrémiste, ethnique, tribal et de coloration unique. Le parti SAWAB véhicule un discours dangereux qui a déjà sapé l’histoire et l’unité du pays. Ce même discours ne fait pas corps avec les valeurs religieuses, socioculturelles de la Mauritanie et n’honore pas le pays. Le SAWAB est à la limite assimilable au Front National  français de Marine Le Pen.

Initiatives News : Le FPC de Samba Thiam et le RAG de Biram Dah abeid, n’ont pas eu droit à une reconnaissance en tant que partis politiques sous ces prétextes que vous avez cités. Est ce à dire que l’existence du SAWAB  est une injustice que vous appelez le pouvoir à réparer par la dissolution?

El Hussein DIENG: Je suis de ceux qui pensent que tous les partis connus pour leur orientation extrême, ethnique ou tribale,  à connotation raciale doivent être supprimés du paysage politique.

Les récépissés de deux  partis politiques récemment  reconnus doivent être retirés car ils divisent et ne rassemblent pas les citoyens autour de valeurs de citoyenneté et de patriotisme. Il s’agit du parti Nidal Al Watan (appel de la nation) de Daoud Ould Ahmed Aicha et du parti du  Ribat National pour la défense  des droits et  la construction  des générations de  Saad Ould Louleid. La volonté de l’État d’assainir les partis politiques doit aller dans ce sens.

Un parti politique doit avoir un projet de société qui rassemble les citoyennes et citoyens autour de principes majeurs d’unité  de partage et de solidarité.

Un parti où on ne voit pas toutes les composantes sociales à hauteur  du  pourcentage raisonnable de 30% travailler ensemble autour d’activités politiques doit être dissout parce qu’il ne reflète pas l’image que le pays a toujours incarné.

K-Tocka

 

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