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Mauritanie : La question du troisième mandat

La  question du troisième mandat repose plutôt sur la perception de l’opposition  comme « une entité virtuelle » selon le discours officiel plutôt que sur le désir et la volonté de confiscation du pouvoir politique.

Sinon comment en est-on arrivé à la banalisation de cette question ? Comment un tel verrou  frappé de la clause d’éternité va-t-il sauter sans susciter aucune forme d’indignation à la hauteur de ses enjeux?

 

 

déploiement des fonctions symboliques (Les Imams) pour un troisième mandat 

La stratégie du pouvoir est très efficace et elle consiste à faire parler des personnalités, des groupes de pression et des acteurs exerçant des fonctions symboliques (Les Imams) pour légitimer un troisième mandat.

Dans cette perspective, L’opposition n’est plus considérée comme  le porte parole du peuple et ne saurait donc revendiquer  le monopole de diffusion des aspirations populaires.

Je commence à me fatiguer du fait que  les intellectuels ne soient pas pris au sérieux dans ce pays. En effet, en 1998 déjà je disais dans une conférence qu’il va falloir chercher des réponses concrètes à la question de la persistance des pratiques esclavagistes.

Je me rappelle qu’on ma regardé  comme un pestiféré et quand j’ai soulevé la fissure entre le discours officiel qui s’en tient au respect de la Constitution et le permis donné  à des personnalités pour  initier des pétitions et faire des déclarations allant dans le sens d’un troisième mandat, on m’a rétorqué que le Président est clair sur cette question.

volonté de confiscation du pouvoir politique

On  feint d’ignorer que tous les chefs d’États africains qui ont révisé la Constitution ont toujours clamé le contraire ! Une formulation contraire de mon hypothèse est possible et envisageable à savoir que la banalisation de la question du troisième mandat repose plutôt sur le désir et la volonté de confiscation du pouvoir politique plutôt que sur la perception de l’opposition comme « une entité virtuelle » selon les autorités.

Il reste que dans tous les cas de figure, la question demeure et persiste et ce ne sont pas les félicitations que l’Union Européenne  a adressées au pouvoir qui vont nous rassurer.

Il va falloir trouver des moyens pour éclairer les populations sur cette nouvelle stratégie d’accaparement et de confiscation du pouvoir politique car  dans nos démocraties, l’opposition est piégée par les prescriptions de la légalité républicaine.

Tout appel à une  forme de lutte, autre  que la voie légale et républicaine est très mal perçue et criminalisée. Nous nous acheminons donc vers un référendum et il faut se préparer. Il ne sert à rien de faire semblant que ce processus ne va pas aboutir. Je peux me tromper car je ne suis pas un devin mais j’aimerais bien que quelque me donne des arguments prouvant le contraire.

Si nous  ne pouvons pas créer les rapports de force nécessaire pour freiner ce processus, essayons au moins  de gagner le combat de la mobilisation  des populations.

 

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Abdoulaye Doro SOW

Enseignant-chercheur en sciences sociales
Président du Comité Scientifique de l’Equipe de Recherches sur les Mutilations Génitales Féminines (ERMGF)

Coordinateur du Centre Interdisciplinaire sur les Droits Culturels (CIDC)

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université de Nouakchott

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