Isselmou Ould Hanefi : « L’une des faiblesses de la société civile et de l’administration territoriale est la collaboration négative qu’elles ont choisie comme voie de développement socioéconomique de leur Wilaya. »

Isselmou Ould Hanefi est désigné Président de la Coordination Régionale de la société civile de l’Adrar. Une casquette de plus à d’autres qu’il porte déjà. Ould Hanefi dirige le Vacnet-Mauritanie qui est le Réseau de la Société Civile d’Appui et de soutien à la Vaccination et au RSS en Mauritanie. A la tête de l’ONG SOS Abbere, il est également Président fondateur de la Banque Alimentaire de Mauritanie  « BAM » et de L’Alliance contre la faim et la malnutrition en Mauritanie « ACFM ». Chargé de Communication du Groupe Afrique de l’Ouest au sein de la Plateforme d’Afrique Francophone pour le Renforcement des systèmes de santé et de la Vaccination  » OAFRESS », Isselmou Ould Hanefi est par ailleurs un acteur politique car il est le Président de l’Union Sociale Démocratique (USD). C’est donc en acteur de la société civile averti qu’il aborde dans cet entretien les enjeux des rapports entre société civile et société politique face aux choix pour les citoyens. Il revient largement sur la mission de la nouvelle coordination de la société civile de l’Adrar.

 

 

La Coordination Régionale de la société civile de l’Adrar dont vous êtes le Président,  est créée le 5 janvier passé.  Combien d’organisations de la société civile y avez-vous recensées et fédérées ?

 

Isselmou Ould Hanefi :  Permettez-moi de vous remercier pour l’attention que vous m’accordez en tant que Président de cette nouvelle coordination. Je saisis l’occasion, pour souhaiter à votre équipe ainsi, qu’à vous-même, une bonne et heureuse année, plein succès et réussite, dans votre noble mission d’informer.

Pour répondre à votre question, les Organisations de la Société Civile dans notre Pays, s’organisent en général, dans des réseaux associatifs et la Wilaya de l’Adrar n’échappe à cette règle.

Nous avons pu constater, lors des assemblées constitutives organisées dans les quatre Moughataa et à Atar Chef-lieu de la Wilaya, que tous ses cinq réseaux  ont été représentés.

Nous faisons actuellement une cartographie des OSC, coopératives, syndicats, d’une manière générale et de toutes les organisations socioprofessionnelles, reconnues et actives dans la Wilaya. L’entreprise est complexe, mais pas impossible si toutes les structures de la nouvelle coordination se mettent au travail  avec sérieux  et efficacité.

« Le rôle de  nos partenaires locaux, en particulier les services de la Wilaya, des préfectures et des communes, est tout aussi important et complémentaire. »

L’une des faiblesses de la société civile et de l’administration territoriale est la collaboration négative qu’elles  ont choisie comme voie de  développement socioéconomique de leur Wilaya.

Ce partenariat traditionnel entre les deux acteurs fonctionne suivant des règles d’influence et de dépendance à l’Etat qui pense ainsi, profiter de l’ignorance, la pauvreté et la soumission de la Société Civile, pour la diviser et instrumentaliser quelques-unes aux détriments d’autres ; les utilisant en particulier dans le domaine du renseignement.

« les autorités locales, ont sensiblement changé de vision, de comportement. Elles ont démontré une grande disponibilité et une compréhension à la hauteur de nos attentes. »

Si cette mentalité étatique persiste, la coordination ira comme bien d’autres expériences dans ce sens, dans la corbeille de l’histoire. Si au contraire, elle évolue et s’adapte  au contexte souhaité par la direction nationale, j’ai bon espoir,  que les populations profiteront pleinement des changements en perspectives. Si je me référais  à mes expériences passées dans la wilaya,  je ne me hasarderais nullement à accepter de participer à une aventure de ce genre.

Mais si,  je l’ai fait,  c’est que  les autorités locales, ont sensiblement changé de vision, de comportement. Elles ont démontré une grande disponibilité et une compréhension à la hauteur de nos attentes.

Nous avons noté, avec satisfaction, la présence d’une nouvelle génération de préfets dans quelques-unes des Moughataas visitées.

La réussite de cette nouvelle expérience, dépendra en grande partie de tous ces paramètres et  s’inscrira dans le succès ou l’échec des conseils régionaux.

Qui exige une grande réorganisation, une parfaite compréhension des rôles de tous les  acteurs locaux et une coordination orientée vers le développement.

 

 Quelle sera votre mission, au-delà du rôle fédérateur qui est assigné à cette coalition ?

Isselmou Ould Hanefi :   Nous travaillerons auprès du Gouvernement et des partenaires pour les encourager à financer  la Société Civile afin qu’elle puisse jouer pleinement son rôle dans la mise en place de la décentralisation en perspective.

Dans ce cadre, nous avons déjà écrit à l’ambassadeur de France dans notre Pays, nous avons bon espoir qu’il nous reçoive et que nos échanges avec lui, débouchent  sur un appui dans ce sens.

Nous attendons aussi de l’Etat  un appui conséquent pour mieux préparer la Société civile de l’Adrar à entrer dans cette nouvelle phase.

« les rôles de la société civile sont déterminants pour relever les défis de la décentralisation. »

Il importe d’encourager les structures décentralisées de l’Etat et la société civile à travailler dans le cadre d’un partenariat de développement gagnant-gagnant.

Comme vous le savez, les rôles de la société civile sont déterminants pour relever les défis de la décentralisation. Elle a toujours été l’artisan principal de régulation dans tous les projets  réussis dans le monde en général.

Nous avons l’ambition de faire accompagner la décentralisation en perspective, avec  une digitalisation de notre système d’informations régional et même local.

En outre, la digitalisation et le défi de la décentralisation créeront un climat propice pour la Société civile qui pourra avancer dans le contrôle et la lutte contre la corruption en vue d’une meilleure rationalisation des dépenses.

Une disparition de la distance supprimera les frontières entre le local, le national et le mondial. Ce qui permettra également au pouvoir central d’être en mesure de prendre des décisions en temps réel et les corriger au besoin, grâce à un processus digitalisé qui favorise un échange et une disponibilité des données au niveau de la région.

Ce sont naturellement des idées qui font parties de notre mission. Nous comptons également organiser et faire intervenir les OSC autour des thématiques qui répondent aux nouveaux besoins du développement de la Wilaya.

Le but principal, de tous ces efforts et de faire de la société civile dans la Wilaya de l’Adrar un acteur professionnel, un partenaire au développement crédible et constructif, capable de contribuer à relever le niveau et la qualité de vie de nos citoyens

 

Initiatives News : Y a-t-il, alors,  une volonté d’implication politique de la société civile en perspectives de la mise en place des conseils régionaux en Mauritanie ?

Isselmou Ould Hanefi : Absolument, nous pensons que la participation de la société civile au conseil régional peut être motivée et argumentée par trois raisons principales.

« Pour que les  ONG apportent l’équilibre souhaité à travers leurs instances, il est de l’intérêt de l’Etat, qu’elles préservent  leur liberté et leur indépendance dans la façon d’exercer leurs décisions et activités. »

D’abord la participation car les ONG sont les premières représentantes des populations. Elles collectent  et transmettent  les opinions des citoyens. D’où un rôle fondamental  dans tout processus  décisionnel ou politique qui consolide la qualité, la compréhension et l’applicabilité à plus long terme de la décision politique.

Vient ensuite la confiance parce que l’interaction franche et loyale entre les acteurs est l’une des caractéristiques principales  d’une société réellement démocratique et ouverte sur le monde.

Dans notre cas, certes, les pouvoirs publics et les ONGs jouent des rôles différents, avec tout de même un objectif commun, celui d’améliorer le niveau et la qualité de vie des populations. Cet objectif ne  peut être réalisé que si  la confiance règne, entre ces deux principaux acteurs de développement, ce qui implique transparence, respect et fiabilité réciproque.

Enfin, il y a la responsabilisation et la transparence. Pour que les  ONG apportent l’équilibre souhaité à travers leurs instances, il est de l’intérêt de l’Etat, qu’elles préservent  leur liberté et leur indépendance dans la façon d’exercer leurs décisions et activités.

Elles ont le droit d’agir en toute indépendance, de défendre des positions différentes de celles des autorités avec lesquelles elles peuvent coopérer par ailleurs, sur les objectifs communs qui ont trait à l’intérêt de la population

Comme vous le constatez, nous préparons la réservation de notre place, dans le nouvel échiquier régional, qui sera mis en place, après les élections générales, qui auront lieu au début de cette année.

En espérant avoir répondu à vos questions, je profité pour vous remercier, pour l’occasion offerte et féliciter les Adrarois pour le lancement de cette coordination.

Et je ne saurais oublier, d’adresser des remerciements chaleureux et spéciaux  à Mohamed Ould Souleymane Ould Maha ainsi qu’aux autorités administratives et municipales dans les quatre moughataas de la Wilaya de l’Adrar  pour la collaboration et la bonne coordination qui nous ont permis de réussir ce travail pour le grand de la population.

 

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